ATP des VOSGES

Magali Mougel a obtenu le Grand Prix de la Littérature Dramatique 2024, pour « Lichen », publié aux Éditions espaces 34
Lichen
AUDITORIUM DE LA LOUVIÈRE
• ÉPINAL
Jeudi 6 novembre 2025 à 14h30 et 20h30
Durée 1h10
(tout public à partir de 13 ans)
• Texte de Magali Mougel
• mise en scène, Marien Tillet
• récit, Amélie Armao
• création sonore et interprétation, Gaël Ascal
• lumière et scénographie, Jean-Luc Malavasi
• production, Le théâtre de l’Imprévu
Lichen, c’est le récit d’un monde qui s’effondre, mené du point de vue d’une fille mobilisée par la décrépitude de son environnement, le silence des questions sans réponses, la confrontation brutale avec le réel. Elle vit avec son père dans une maison en sursis, une maison rongée par l’humidité, dont le sol, tremblant à cause des travaux environnants, paraît à tout moment pouvoir s’ouvrir sous leurs pieds et les engloutir.
Lichen, c’est l’histoire de la résistance aussi déterminée que désespérée de deux êtres qui ne veulent pas voir leur monde disparaître, qui ne s’inscrivent pas dans le changement érigé en nécessité, au point de conserver, dans les toilettes, un poster de Bora-Bora vestige d’une mère qui les a abandonnés.
Lichen, c’est un texte de Magali Mougel.
Cette pièce a été vue aux A.T.P dans une proposition de la compagnie Estrarre mise en scène par Julien Kosellek (spectacle de clôture de la saison 2024-2025).
« Le théâtre de l’Imprévu » nous permet de retrouver ce texte, et cela, dans tous les sens du terme, puisqu’il s’agit de le voir une nouvelle fois pour certains, mais surtout de le voir et l’entendre différemment. Qui parle ? À qui ? Est-ce une pensée intérieure ? Un témoignage ouvert ? Un dialogue imaginé ou réel ?
La mise en scène de Marien Tillet donne une liberté totale au spectateur pour répondre à ces questions. Au plateau, une structure (le squelette d’une maison ?), une narratrice, tout à la fois personnage et témoin, et un musicien contrebassiste. Ces trois présences coexistent sans se côtoyer. Le musicien, comme un ermite dans sa grotte, est coupé de ce qui se passe autour. Imperméable à ce qui se raconte juste à côté. Il est sur-occupé avec ses machines, ses branchements, ses prises de notes, comme le père est noyé dans sa maison qui s’écroule et va disparaître.
La narratrice est tout aussi extra-ordinaire. Sans attache à un rôle, elle prend en charge la narration et l’ensemble des personnages. Elle navigue entre les mots qu’elle donne à entendre, les descriptions narratives des situations et des paysages, et les différentes voix des personnages qui apparaissent et s’en vont.
À travers cette prestation, on est invité à voir un jeu d’équilibriste entre le corps qui ne trouve pas sa place et les espaces contraires ; entre les silences des non-dits et le cri sourd qui s’étouffe. On est invité à pleinement voir combien une œuvre, grâce à la sensibilité avec laquelle le texte de théâtre est abordé, peut radicalement changer de couleur.